En
résumé de ce séjour, ce sera
C’est
jeudi au petit matin que nous sommes partis depuis La Bourboule, sac au dos, le
cœur léger et l’esprit tourné vers les cimes. Djessy, curieux et plein
d’entrain, découvrait pour la première fois la randonnée itinérante en
montagne. Après une montée progressive à travers les bois et les pâturages,
nous avons atteint la Roche aux Fées, promontoire magique où le vent semblait
murmurer des légendes anciennes. La vue y était splendide, déjà un premier
émerveillement. Nous avons poursuivi notre chemin en direction de la Banne
d'Ordanche, véritable belvédère sur le Sancy et le Cézallier. L’ascension a
demandé quelques efforts, mais la récompense fut à la hauteur : une vue à 360°,
un vrai moment de complicité face à l'immensité. Nous avons ensuite descendu vers
le col du Guéry, admirant les eaux calmes du lac en contrebas. La journée s’est
terminée au refuge de Cap Guéry, une petite cabane rustique mais accueillante.
Après un repas simple, nous avons contemplé les étoiles avant de dormir, bercés
par les bruits discrets de la montagne.
Vendredi
Réveillés par le chant des oiseaux et un soleil déjà présent, nous avons repris
la marche en direction du Puy de l’Aiguiller, qui offre un panorama sauvage sur
les plateaux. Après une pause contemplative, nous sommes descendus vers le
magnifique lac de Servières, parfait pour une halte pique-nique au bord de
l’eau. L’après-midi, nous avons poursuivi jusqu’à Pessade, petit hameau
tranquille, puis monté doucement vers le Puy de la Védrine, encore peu
fréquenté, où la nature semble intacte. Les chemins se sont faits plus doux à
mesure que nous approchions du col de la Croix-Morand. Nous avons passé la nuit
au gîte de la Croix-Morand, confort simple mais appréciable après cette belle
étape. Djessy, un peu fatigué mais ravi, racontait déjà ses moments préférés de
la journée en attendant le repas.
Samedi
Retour à La Bourboule via le GR 30. Le dernier jour, nous avons entamé la
descente en direction de la cascade du Queureuilh, spot rafraîchissant et
spectaculaire. Les jeux d’eau et de lumière ont enchanté notre matinée. Nous
avons ensuite longé la Dordogne naissante, véritable fil conducteur de notre
retour. La dernière portion vers La Bourboule fut ponctuée d’échanges, de
silences contemplatifs, et de cette sensation si particulière d’avoir partagé
un moment suspendu, loin du tumulte du quotidien. Nous sommes arrivés à La
Bourboule en fin de matinée, fatigués, certes, mais le cœur gonflé de souvenirs
inoubliables.
Cette randonnée restera pour moi
un moment précieux : un moment suspendu entre ciel et terre, entre générations,
entre nature et transmission. Il y a des moments simples qui deviennent
inoubliables. Cette première randonnée avec notre petit-fils dans les montagnes
d’Auvergne en fait partie. Trois jours, cinquante kilomètres, des sacs à dos un
peu trop pleins, et surtout, une belle complicité à chaque pas. Le départ s’est
fait sous un ciel lumineux. Djessy, tout juste seize ans, avait ce mélange
d’excitation et d’inquiétude dans le regard. Moi aussi, à vrai dire. Allions-nous
tenir la distance ? Avait-t-il encore l’endurance pour cette traversée ? Mais à
peine les premiers kilomètres avalés, nos doutes se sont dissipés.
Les monts d’Auvergne sont doux
mais exigeants. Les sentiers serpentent entre forêts de hêtres, crêtes dégagées
et vallées où l’on entend encore résonner le tintement des cloches des
troupeaux. Chaque montée offre son lot d’efforts, chaque sommet sa récompense :
des vues à couper le souffle, des silences immenses.
Nous avons marché en parlant
beaucoup… et en nous taisant parfois. Ces silences-là avaient quelque chose de
profond.
Le dernier jour, les jambes
étaient lourdes, mais nos cœurs légers. L’arrivée au point final, les pieds
fatigués, les visages rougis par le vent et le soleil, fut un petit triomphe.
C’était plus qu’une marche : c’était un passage de relais, un tissage de
souvenirs entre générations.
Depuis, il me parle déjà de « la
prochaine ». Et moi, je n’attends qu’une chose : repartir.
Borne des Quatre Seigneurs