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jeudi 4 septembre 2025

Le Chemin de Compostelle en compagnie des Escarp'Haims

 

En résumé de ce périple, nous avons parcouru plus ou moins 140 km, avec un peu plus de 2000 m de dénivelé positif, mais bien plus que les chiffres, ce fut une expérience. Tout a commencé un matin de septembre, à Livinihac-le-Haut. Nous étions douze, réunis au départ de cette aventure sur le GR 65, l’un des chemins mythiques menant à Saint-Jacques-de-Compostelle. Sac sur le dos, visage tourné vers l’horizon, chacun portait en lui une part de curiosité, de désir de dépassement, ou simplement l’envie de marcher, ensemble, loin du quotidien.

Les premiers pas ont été silencieux, presque solennels. Puis peu à peu, les discussions se sont nouées, les rires ont éclaté, et la marche a trouvé son rythme. Le paysage défilait, vallonné, verdoyant, ponctué de petits hameaux et de chapelles oubliées. Sous nos pieds, les cailloux du sentier racontaient l’histoire de tant de pèlerins passés avant nous.

Rapidement, les corps ont pris la mesure de l’effort. Les montées testaient les mollets, les descentes rappelaient qu’il fallait rester concentré. Mais jamais le moral n’a flanché. Même lorsque la pluie s’est invitée, fine et pénétrante, rendant les sentiers glissants et les visages trempés, nous avons tenu bon. Abrités sous nos capes colorées, nous avancions, silencieux, soudés, animés par une étrange énergie commune. Et lorsque le ciel s’est enfin ouvert, quelque part entre deux villages du Lot, la lumière retrouvée a fait l’effet d’une récompense.

Chaque jour, les kilomètres s’enchaînaient, et pourtant chaque étape semblait unique. Des forêts du Quercy aux causses arides, des villages de pierre blanche aux sentiers bordés de murets secs, le chemin nous offrait à la fois de la beauté brute et une simplicité réconfortante. On partageait des pique-niques improvisés sur des rochers, des anecdotes, parfois des silences. Et surtout, on marchait ensemble, à notre rythme, sans jamais se perdre de vue.

Les soirées étaient douces. Dans les gîtes, autour d’un repas chaud, les échanges reprenaient, vivants et sincères. Il y avait une forme d’intimité qui naissait de l’effort partagé : la fatigue rapprochait, et la joie de l’avoir fait aussi. Certains soirs, on riait fort ; d’autres, on écoutait les histoires de chacun, les raisons plus ou moins avouées qui nous avaient poussés à prendre ce chemin.

À l’approche de Cahors, une forme de mélancolie discrète s’est installée. La fin se profilait, et avec elle la fin de ce temps suspendu que seul le chemin permet. Mais lorsque nous avons aperçu les toits de la ville, puis traversé le célèbre pont Valentré, avec ses arches et ses pierres chargées d’histoire, un frisson a parcouru le groupe. Ce n’était pas seulement une arrivée : c’était l’accomplissement d’un parcours autant intérieur que physique.

Dans cette marche de six jours, il y a eu la pluie, le soleil, les ampoules, les rires, les silences, les paysages et les gens. Il y a eu un groupe de douze inconnus devenus compagnons de route. Et il y a eu cette sensation précieuse, en posant enfin le sac à Cahors, que quelque chose en nous avait changé.



































































































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