En résumé de ce périple, nous avons parcouru
plus ou moins
Les premiers pas ont été silencieux, presque
solennels. Puis peu à peu, les discussions se sont nouées, les rires ont
éclaté, et la marche a trouvé son rythme. Le paysage défilait, vallonné,
verdoyant, ponctué de petits hameaux et de chapelles oubliées. Sous nos pieds,
les cailloux du sentier racontaient l’histoire de tant de pèlerins passés avant
nous.
Rapidement, les corps ont pris la mesure de
l’effort. Les montées testaient les mollets, les descentes rappelaient qu’il
fallait rester concentré. Mais jamais le moral n’a flanché. Même lorsque la
pluie s’est invitée, fine et pénétrante, rendant les sentiers glissants et les
visages trempés, nous avons tenu bon. Abrités sous nos capes colorées, nous
avancions, silencieux, soudés, animés par une étrange énergie commune. Et
lorsque le ciel s’est enfin ouvert, quelque part entre deux villages du Lot, la
lumière retrouvée a fait l’effet d’une récompense.
Chaque jour, les kilomètres s’enchaînaient, et
pourtant chaque étape semblait unique. Des forêts du Quercy aux causses arides,
des villages de pierre blanche aux sentiers bordés de murets secs, le chemin
nous offrait à la fois de la beauté brute et une simplicité réconfortante. On
partageait des pique-niques improvisés sur des rochers, des anecdotes, parfois
des silences. Et surtout, on marchait ensemble, à notre rythme, sans jamais se
perdre de vue.
Les soirées étaient douces. Dans les gîtes,
autour d’un repas chaud, les échanges reprenaient, vivants et sincères. Il y
avait une forme d’intimité qui naissait de l’effort partagé : la fatigue
rapprochait, et la joie de l’avoir fait aussi. Certains soirs, on riait fort ;
d’autres, on écoutait les histoires de chacun, les raisons plus ou moins
avouées qui nous avaient poussés à prendre ce chemin.
À l’approche de Cahors, une forme de mélancolie
discrète s’est installée. La fin se profilait, et avec elle la fin de ce temps
suspendu que seul le chemin permet. Mais lorsque nous avons aperçu les toits de
la ville, puis traversé le célèbre pont Valentré, avec ses arches et ses
pierres chargées d’histoire, un frisson a parcouru le groupe. Ce n’était pas
seulement une arrivée : c’était l’accomplissement d’un parcours autant
intérieur que physique.
Dans cette marche de six jours, il y a eu la
pluie, le soleil, les ampoules, les rires, les silences, les paysages et les
gens. Il y a eu un groupe de douze inconnus devenus compagnons de route. Et il
y a eu cette sensation précieuse, en posant enfin le sac à Cahors, que quelque
chose en nous avait changé.
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